Carte d'identité :

Né le 17 octobre 1953 à Mulhouse
Diplômé de l'Institut d'Etudes Politiques de Strasbourg (1974)
Maîtrise en histoire à l'Université des Sciences Humaines de Strasbourg (1976)
Docteur en psychologie de l'Université Louis Pasteur, Strasbourg (1980)
Fondateur et rédacteur en chef de la revue Corps et Langage (1980-1986) et de la Nouvelle Revue de Psychologie (1985-1986) dans le cadre de l'Institut Européen de Psychologie.
Consultant en organisation et en communication sur statut CNRS-consultant (1988-1990) puis en société de conseil (1990-1992)
Ingénieur de recherche au CNRS de 1977 à 2020 : rédacteur en chef de la Revue des Sciences Sociales de 2001 à 2013, responsable valorisation-innovation de l'UMR 7367 DynamE de 2014 à 2020.
Gérant et directeur scientifique de P.S.Institut depuis 2021.

Bibliographie complète des publications
avec accès aux textes disponibles en ligne sur ce site



2019

L'Europe commence à Tannenberg (roman)

1410. La bataille de Tannenberg, aux confins du Saint-Empire, amorce le déclin des chevaliers teutoniques. Les lignes se déplacent. Les barbares de jadis sont devenus chrétiens, et ne donnent plus aux conquêtes l’excuse de la croisade. Autant dire que l’ennemi est un voisin, un presque semblable. Où sont ces créatures fabuleuses que les cartes du monde, rassurantes, désignaient comme monstrueuses mais lointaines : Hic sunt Dracones, « ici sont les dragons » ?

Pour Tilmann, jeune palefrenier en la commanderie de Cologne, cet « ici » est un « là-bas » qui l’appelle. Mais à l’aube de temps nouveaux, la terre est devenue ronde et sans bords. Le lieu le plus lointain que je puisse atteindre demain, n’est-il pas celui où je me trouve aujourd’hui ? Y a-t-il d’autres confins à explorer, d’autres dragons à rencontrer, que ceux que je découvre en moi-même ?

L'univers du roman sur le site dédié

L'ouvrage à commander ou en téléchargement gratuit sur le site de l'éditeur



2017

L'idéal et ses réalités

C’est d’une forme (une figure, un idéaltype…), de ses effets sur les usages, de ses transformations en cours, que se propose de traiter ce numéro de la Revue des sciences sociales : l’Amour avec un grand A, celui dont un Roland Barthes a si bien su décrire le discours, mais saisi dans ses tensions et ses contradictions avec « les » amours effectives de Madame et Monsieur Tout-le-monde.

Le grand Amour, duel, exclusif, est-il une forme « solide », qui perdure, affirmée comme référence et horizon de vie, à travers les transformations que l’on observe aujourd’hui dans la sexualité, l’évolution des rapports de genre, le couple, la famille ? Ou bien l’exaltation même du modèle (au cinéma, dans la publicité et dans une partie de la littérature) est-elle son chant du cygne, l’expression d’une nostalgie éprouvée pour un pays imaginaire dont nous nous éloignons ? L’amour exerce-t-il ses effets d’idéal d’autant plus fortement qu’il est perdu ou impossible ? Les pratiques présentes annoncent-elles de nouveaux modèles, de nouvelles définitions de l’amour ?

Présentation et sommaire de L'Amour, les amours

Le numéro en consultation gratuite sur revue.org

Le site de la Revue des Sciences Sociales sur revue.org



2014

Pour en finir avec le romantisme ?

Rencontres en ligne, cybersexe, pornographie, téléphonie mobile, adjuvants médicamenteux : les nouvelles technologies accompagnent l’invention de nouvelles figures de la rencontre et de la relation. Réseaux, communautés, familles recomposées et étendues, rompant avec le modèle exclusif et vertical du livre et des médias de masse, instaurent une communication plurielle, égalitaire et réciproque, qui diffuse dans nos manières de vivre et de penser le rapport amoureux à l’autre. Un autre qui n'est plus cette âme-soeur unique au miroir de laquelle nous nous construisons, mais qui devient au contraire multiple, volatil, libertin ou polygame, et qui, d’une certaine façon, nous résiste dans son altérité.

Présentation et sommaire de l'ouvrage La Société Terminale 3. Amours artificielles
avec l'accès à l'argument de l'introduction

Le site des Éditions de l'Ill



2012

La construction de soi à l'ère des réseaux

Blogs, réseaux sociaux, webcams, pornographie, vidéosurveillance, téléréalité... Comment les nouveaux médias contribuent-ils, par la mise en spectacle et les jeux de miroirs, à une reconfiguration du lien social et des formes de la subjectivité ? Les êtres humains se regardent et se donnent à voir. Ils s’habituent aussi à être observés, sur leur lieu de travail, dans les magasins, dans l’espace public, voire à leur domicile, au travers de dispositifs de surveillance de leurs faits et gestes. Cette mise sous le regard d’autrui de notre intimité est de mieux en mieux acceptée socialement, sous la pression d’un discours de prévention des risques.

Pourquoi les sujets ont-ils besoin de s’assurer de leur propre consistance en sollicitant ainsi le regard d'autrui ? Comment organisent-ils leur résistance aux effets potentiellement délétères de ce regard ?

Présentation et sommaire de l'ouvrage La Société Terminale 2. Dispositifs spec[tac]ulaires
avec l'accès au texte de l'introduction

Le site des Éditions de l'Ill



2011

Comment faire société dans les mondes virtuels ?

La Société Terminale : figure idéaltypique d'une société dans laquelle le médium technique, tout en s'interposant massivement comme ce qui permet aux individus de communiquer, les sépare aussi les uns des autres par ses jeux de vitrine, de miroir et d'écran. Comment cette construction théorique nous permet-elle de penser les phénomènes disparates de notre expérience du monde contemporain : Internet, les jeux vidéo, le téléphone mobile, les avancées biomédicales, la robotisation, la dérégulation de l'économie, les modifications environnementales ?

Nos domiciles, nos voitures, nos postes de travail, ont édifié un monde d'habitacles protégés, reliés par nos accès au Réseau mondial, qui dessinent de leurs frontières rassurantes nos individualités et nos relations aux autres. Ces “autres” ont dans les dispositifs techniques de communication une existence virtuelle, en ce sens qu'ils existent comme lieu auquel chacun adresse ses écrits et sa parole, mais sans que les interlocuteurs, séparés par l'épaisseur du médium, soient assurés de leurs identités respectives. Comment les humains font-ils société sous ces conditions ?

Présentation et sommaire de l'ouvrage La Société Terminale 1. Communautés virtuelles
avec l'accès au texte de l'introduction

Le site des Éditions de l'Ill



2011

La "ludicisation" du social

Les jeux envahissent aujourd'hui tous les aspects de la vie sociale et font vivre des branches significatives de l'économie. L'industrie du jeu vidéo en particulier est un secteur de pointe dont les innovations irriguent de multiples domaines technologiques.

Le jeu était jusque là considéré comme une activité marginale, cantonnée aux loisirs et plutôt réservée aux enfants. Comment penser des pratiques et des dispositifs qui désormais occupent en permanence l'esprit de nombreux joueurs jeunes et moins jeunes, contaminent le travail, procurent des ressources pour l'éducation, et intéressent également les entreprises ?

Présentation et sommaire de Jeux et enjeux

Le site de la Revue des Sciences Sociales sur revue.org



2009

La société peut-elle se passer d'un ennemi ?

La figure de l'ennemi prépare, accompagne et soutient l'effort de guerre. Des rhétoriques et des scénographies la construisent. Des savoirs à prétentions scientifiques ou religieuses la légitiment. Des médias la transmettent. L'ennemi n'existe pas objectivement : c'est un construit, intersubjectif et social, qui a une fonction. Les adversaires sont unis par leur désignation mutuelle comme ennemis, qui renforce par réciprocité leurs identités propres. Que deviendrait chacun s'il n'avait pas un ennemi sur qui compter pour se rassurer sur lui-même ? La société, l’individu peuvent-ils exister sans lui ?

Présentation et sommaire de l'ouvrage La construction de l'ennemi
avec l'accès au texte de l'introduction

Le site des Éditions de l'Ill



2008

Le difficile accouchement de la science

Une controverse est un débat suivi sur une question, motivée par des opinions ou des interprétations divergentes. La sociologie a été conduite ces dernières décennies à identifier sous cette dénomination un type précis de débat et les processus qui lui sont spécifiques, et qui requièrent de ne pas en faire le synonyme interchangeable de termes voisins comme polémique, dispute, querelle, etc. Le qualificatif de scientifique est souvent apposé à celui de controverse pour désigner un débat qui a pour caractéristique d'être raisonné, sinon rationnel, et de s'inscrire dans le processus général de la construction des connaissances : la controverse permettrait, par un échange réglé entre des sujets désintéressés, de faire émerger d'une situation problématique une réponse objective, parce que la meilleure possible.

Ce modèle se révèle très idéaliste. Une controverse ne touche pas qu'aux seules questions qu'elle pose dans l'ordre des connaissances : elle implique des manières différentes de penser la réalité, le monde, la société, l'être humain, elle mobilise et menace des intérêts et des valeurs divergents. La controverse n'est donc pas qu'un processus d'élaboration du vrai, relevant de l'épistémologie, elle est aussi un processus polémique, qui relève d'une sociologie des conflits.

Présentation et sommaire de l'ouvrage Matières à controverses
avec l'accès au texte de l'introduction

Le site des Éditions de l'Ill



2007

Comment se forment les communautés virtuelles ?

Depuis plus de dix ans, un trésor est enfoui quelque part en France : la réplique en bronze d'une pièce d'orfèvrerie qui, lorsqu'elle sera découverte permettra à l'heureux élu de se faire remettre l'original en or, argent et diamants, déposé chez un huissier et estimé à plus de 150 000 €. Le livre des énigmes qui permet de localiser la cache s'est vendu à 80 000 exemplaires sur trois éditions. Le développement d'Internet a permis aux passionnés de cette chasse de se retrouver sur un forum qui, sous différentes versions, dure depuis 1996 : des dizaines de milliers de contributions ont généré des fils de discussion représentant près de deux cent mille messages échangés.

La Chouette d'Or a ainsi suscité un phénomène social que ses initiateurs n'avaient pas prévu et qu'ils ne contrôlent plus : une “communauté virtuelle” est née, qui offre à l'anthropologue un terrain privilégié d'étude des formes de socialité médiatisées par les nouvelles techniques de communication. Les chasses aux trésors illustrent l'extension du ludique et le renouveau du tribalisme dans nos sociétés. Leur imaginaire fournit un paradigme des transformations qui travaillent le social dans ses figures les plus profondes : celles de l'identité, du secret, de la quête, de la valeur et du sacré.

Présentation et sommaire de l'ouvrage Chasseurs de trésors
avec l'accès au texte de l'introduction

Le site des Éditions de l'Ill



2007

La médiation de proximité, facteur de lien social

Depuis plus de trente ans, l'évolution de la société française offre le spectacle d'un délitement progressif du lien social, dont les “quartiers” sont devenus à la fois le théâtre et le symbole. Les grands ensembles urbains en périphérie des villes sont ainsi désignés comme des zones de non-droit où la cohésion sociale serait menacée par le divorce entre la Cité et ses citoyens. Parallèlement, des associations apportent depuis de nombreuses années des réponses à la fois civiques et professionnelles, visant à rapprocher les habitants entre eux et à les rapprocher des institutions qui structurent la société. Comment rendre visible ce travail lent et délicat, face à un discours politique plus musclé qui tente aujourd'hui d'imposer la vieille métaphore du nettoyage ? Mais aussi, comment évaluer avec la bonne distance des pratiques qui conjugent professionnalisme et engagement militant ?

Présentation de l'ouvrage collectif Médiations : agir et prévenir dans les quartiers
avec l'accès au texte de l'introduction

Le site des Éditions de l'Ill



2006

L'écriture, point aveugle de l'épistémologie ?

La science ne se pense pas sans écriture, sans la figure du théorème inscrit au tableau de nos salles de classe. On pourrait essayer d'imaginer ce que serait une connaissance élaborée par des êtres qui n'auraient pas disposé de la parole, et a fortiori de l'écriture. Une société où prédominerait la communication par le toucher ou par l'odorat (ou par des canaux sensoriels autres, inexistants sur notre planète, mais dont on pourrait imaginer les caractéristiques virtuelles) pourrait-elle accéder à l'équivalent d'une pensée scientifique ? Pour pouvoir penser scientifiquement le monde, il nous faut aujourd'hui réfléchir à la manière dont l'écriture nous contraint à le penser dans la logique et les catégories qui sont les siennes.

Présentation et sommaire de Écrire les sciences sociales

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2006

La fin du modèle clausewitzien ?

La montée du terrorisme, l'intervention américaine en Afghanistan, la seconde guerre du Golfe ont confirmé l'émergence d'un nouveau modèle de guerre. Les frontières, les fronts et les distinctions classiques entre le civil et le militaire, le politique et le stratégique, ne sont plus clairement marqués. Le visage de l'ennemi devient incertain. Les interventions de pays extérieurs ne sont plus forcément ressenties comme des ingérences, mais comme des opérations de police. La guerre n'a plus ni début, ni fin et se confond avec la lutte du prévisible contre le risque, et de l'ordre contre le chaos.

Présentation et sommaire de Nouvelles figures de la guerre

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2001

Nouveaux mondes : penser le changement

Le monde change, de plus en plus vite.

Autrefois, les transformations opéraient sur le long terme, laissant à chaque génération le sentiment que, même au travers des crises et des catastrophes, l'essentiel était conservé. Aujourd'hui, chacun peut se dire que tout, dans le monde comme dans sa vie quotidienne, a subi une révolution au sens premier du mot : un "turn-over" complet. Et que ça va continuer...

La nouveauté est-elle un fait objectif ? Ces "nouveaux mondes" que les nouvelles technologies et les transformations de l'économie et du politique nous dessinent comme horizon de notre futur sont-ils vraiment "nouveaux" ? Y a-t-il vraiment rupture entre la vision, souhaitée par les uns ou redoutée par les autres, utopique ou apocalyptique, qu'ils nous proposent, et un monde "ancien" que nous serions en train de voir disparaître ?

L'ambition de ce numéro est moins de décrire exhaustivement les mutations que nous traversons, que de fournir quelques matériaux et des outils pour les mieux penser.

Présentation et sommaire de nouve@ux mondes ?

Le site de la Revue des Sciences Sociales sur revue.org


1997

Comment naissent les organisations ?

Ce livre est un essai sur la psychologie des Petites et Moyennes Entreprises (PME) et la gestion de leurs ressources humaines, qui ne se contente pas de plaquer sur le fonctionnement de ces entreprises "à taille humaine" les leçons apprises du management des grandes organisations. Il traite des difficultés spécifiques que les PME rencontrent au cours des étapes obligées de leur développement, depuis la création de l'entreprise jusqu'à la maturité d'une organisation achevée.

La PME est un milieu de vie et de travail exigu et en constante évolution, où tout le monde connaît tout le monde, où chacun doit s'adapter à des tâches diversifiées et changeantes. Le "patron", fréquemment créateur ou repreneur de l'entreprise, est omniprésent. L'ouvrage propose de ce fait, à la fois une approche gestionnaire des problèmes organisationnels et humains que rencontrent ces entreprises, et une approche psychologique de leur principale ressource humaine : le dirigeant.

Le texte complet du livre L'Entreprise Inconsciente


1996

La construction psycho-sociale du sens

La notion de contexte a connu depuis le début des années 1990 un regain d'intérêt dans les travaux des linguistes. Elle se présente comme un concept-passerelle, une sorte de charnière pour l'articulation entre des approches différentes du langage, et plus précisément entre des disciplines qui traitent toutes, mais à des titres et avec des enjeux divers, des questions du sens et de la signification : linguistique, psycho- et socio-linguistique, psychologie, sciences sociales, etc. Le sens des mots, des phrases, des énoncés entiers, ne se construit en effet que par rapport à un contexte qui en permet la production ou l'interprétation. Ce contexte est donné par d'autres mots, d'autres phrases, d'autres énoncés, mais aussi, et plus largement, par la situation de communication dans laquelle se trouvent les interlocuteurs, leurs connaissances partagées, leurs positions sociales respectives, leurs enjeux propres.

Présentation et sommaire de l'ouvrage collectif Contexte(s)
avec l'accès au texte de synthèse

La revue Scolia sur le site des Presses Universitaires de Strasbourg


1986

Dans le silence du corps

La méditation est un objet paradoxal pour l'approche scientifique. Exercice solitaire, pratique de soi sur soi-même, elle s'interrompt ou est essentiellement modifiée dans sa signification dès qu'il y a présence d'un observateur autre que celui qui l'expérimente. Expérience intime, singulière, elle se définit pratiquement comme un non-agir et un non-dire : scientifiques, circulez, il n'y a rien à voir, ni à entendre. Bien qu'il s'agisse d'une "activité" humaine qu'on rencontre dans nombre de sociétés, dans lesquelles elle a un statut bien identifié, et souvent socialement élevé, elle résisterait donc à sa définition en tant qu'objet d'une anthropologie psychologique ?

Les écrits philosophiques qu'on suscités les pratiques du yoga en Inde, du t'chan en Chine, du zen au Japon, et l'exercice concret de ces pratiques, nous placent au cœur d'un réflexion millénaire sur l'essence du sujet et sur la définition de l'humain. La rencontre avec la psychanalyse et, aujourd'hui, avec la théorie de l'information, permettent de donner forme à un modèle "laïque" de la méditation et de ses effets dans l'intime du sujet. Elle vient également à point à une époque de crise des institutions religieuses traditionnelles, caractérisée par le repli dans l'intimité de chacun de l'interrogation sur le sacré.

La réflexion sur le vrai et le semblant, le réel et l'imaginaire, sur la force du factice qui retient le méditant dans le monde des apparences, trouve de nos jours dans le développement des mondes virtuels, mais aussi dans la réification, jusqu'à la personnification, d'entités abstraites telles que le pouvoir d'État, les organisations ou l'argent, une pertinence renouvelée.

Le corps se présente par ailleurs dans les pratiques de méditation comme un vecteur du développement personnel, révélant son statut également paradoxal : habitacle respecté de l'âme, support de la méditation, source d'informations sur soi, il est pourtant ce qui doit être oublié, effacé, ce dont il faut se séparer pour obtenir la libération.

Le sommaire et l'accès aux articles de l'ouvrage collectif Le yoga, éthique du corps


1983

Prospective et stratégie : anticiper pour agir

La prospective est un exercice délicat. En règle générale, les écrits qui proposent des scénarios sur le devenir du monde pour les vingt prochaines années passent discrètement dans l'oubli cinq ans après leur publication. Leurs auteurs reviennent rarement sur les propos alarmistes ou au contraire plein d'espérances qu'ils ont tenus sur un avenir qu'ils dessinaient et qui ne s'est pas réalisé. Pourtant, dans les sciences sociales (y inclus l'économie et la science politique), la prédictibilité est ce qui permet de vérifier l'adéquation d'une théorie à la réalité.

Revenir après plusieurs décennies sur un essai de prospective rédigé au début des années 1980, qui décrivait, non seulement les risques de conflit mondial à cette époque, mais encore l'état politique du monde qui en résulterait dans cette hypothèse, peut répondre à plusieurs objectifs. C'est d'abord affaire d'honnêteté intellectuelle, et la démarche scientifique dans les sciences sociales doit aller jusqu'à revenir sur les raisonnements qui ont produit des scénarios que la réalité n'a pas confirmé, ceci afin de corriger les erreurs ou d'éliminer les hypothèses invalides, et le cas échéant de souligner ce qui reste pertinent.

On peut en effet se contenter d'écarter l'ensemble du propos d'un livre dont le titre, pour commencer, est devenu obsolète : fort heureusement, la troisième guerre mondiale que beaucoup craignaient au début des années 1980, n'a pas eu lieu. La raison essentielle en est que les Soviétiques n'ont pas profité de la "fenêtre de vulnérabilité" de quelques années qui leur aurait permis à cette époque d'envahir l'Europe à peu de frais. Pour autant, la relecture des scénarios d'évolution du monde qui se présentaient comme possibles il y a vingt ans, ainsi que du raisonnement qui conduisait à retenir celui-ci plutôt qu'un autre, présente plus d'un intérêt.

D'une part, la description prospective de l'état politique du monde conserve vingt ans après une grande part de sa pertinence. Contre l'opinion commune de l'époque (nous étions en plein regain de guerre froide), le raisonnement annonçait par exemple la fragmentation du bloc soviétique et la démocratisation des pays de l'est, l'évolution d'un monde bipolaire vers un monde multipolaire instable. De même, contre l'impression que donne leur puissance militaire, le principal risque de guerre réside encore de nos jours dans le déclin de fait, économique et politique, des États-Unis.

Il est d'autre part utile de revenir sur la méthodologie qui sous-tend le raisonnement prospectif, basé sur le calcul stratégique des acteurs dans un environnement complexe : les choix de chacun des acteurs dépendent de la représentation qu'ils se font des choix qui s'offrent au autres. Le scénario le plus plausible n'est donc pas celui qui est objectivement le meilleur pour tous, mais celui qui réunit la coalition la plus probable entre des acteurs qui cherchent à maintenir leurs degrés de liberté.

Le texte complet du livre La Guerre Demain

Un entretien avec Patrick Schmoll à l'époque de la première guerre du Golfe